Aujourd’hui VOX a envie de vous raconter une nouvelle anecdote sur notre passionnante histoire de France. Et c’est au 28 janvier 1393 que l’on vous amène pour vous raconter l’histoire du tragique bal des ardents. De ce fait, celui-ci se passe sous le règne de Charles VI (1368-1422). Vous allez voir comment une simple fête vire au cauchemar. En effet, c’est durant ces réjouissances que périrent 4 membres de la noblesse et que le roi failli perdre également la vie.
Le Bal Masqué de la Reine
Isabeau de Bavière (v. 1370-1435), reine de France depuis son mariage avec Charles VI en 1385, décide d’organiser un bal masqué. Ce bal est à l’occasion du remariage de l’une de ses demoiselles d’honneur, Catherine l’Allemande. Elle choisit l’hôtel Saint-Pol, demeure royale située sur le bord de la Seine, pour accueillir sa fête. La reine convie toute la cour à la fête, qui se déroule toute la journée et se poursuit le soir.
Pour ce genre d’occasion, un remariage, la tradition est d’organiser un charivari (frivolités, déguisements, désordres, jeux d’instruments bruyants et dissonants). Ainsi, les invités se mettent à danser au son des instruments de musique.

Une Très Mauvaise Idée…
Un des compagnons du roi, Hugonin de Guisay, à la mauvaise idée de vouloir se déguiser en « sauvages » avec 4 de ses compagnons et le roi. Tous enfilent alors des costumes en lin. Ensuite ils s’enduits de poix recouverte de plumes et de poils d’étoupe (issu essentiellement du travail du chanvre ou du lin). Ainsi, ils se dévoilent « poilus et velus du chef jusques à la plante du pied », leur identité cachée à la foule.
Toutefois, il est important de préciser que la poix, matière collante produite par distillation, est une substance hautement inflammable. Cela donne une idée de la catastrophe qui se prépare… Néanmoins, le roi ordonne que l’on sorte toutes les torches et tous les flambeaux qui se trouvaient à la fête.

Un Spectacle qui Vire au Drame
Les « sauvages » quand ils sont prêts, se lient les uns aux autres avec des chaînes. Tous sont attachés, sauf le roi. Les 6 hommes commencent alors à danser une « sarrazine » endiablée. Puis toujours enchaînés les uns aux autres, ils hurlent comme des loups et lancent des obscénités à la foule. C’est dans la pénombre que toute l’assistance tente, amusée, de découvrir qui se cache sous ces déguisements.
Mais arrive alors le duc d’Orléans, frère du roi, accompagné de 4 chevaliers, torche à la main. Ceux-ci n’ont pas eu les consignes du roi. De plus, le duc a passé la soirée dans une taverne, il est ivre et veut découvrir qui se cache sous ces costumes. Il prend une torche et l’approche donc de l’un des sauvages pour mieux voir. Il l’approche trop près et le feu prend immédiatement sur les costumes.

L’Agonie des Sauvages
Dans un premier temps, on tente de sauver le roi. C’est sa tante, Jeanne de Boulogne, duchesse de Berry (1378-1424), âgé de 14 ans, qui réagit le plus vite en enveloppant immédiatement le roi de sa robe et de ses jupons pour étouffer les flammes. Quand sa femme, la reine Isabeau, comprend que le roi figure parmi les sauvages, elle s’évanouit. Le roi est sorti d’affaire, mais les autres sauvages tentent également de se sortir de cet enfer.
Sire Ogier de Nantouillet réussit par se libérer de ses chaînes et se jette dans une cuve qui servait à rincer les tasses. Cependant, Yvain de Foix périt sous les flammes malgré l’aide vaine de deux valets. On entend des cris de douleur dans la salle, les 4 hommes qui n’ont pas réussi à se sauver brûlent sur place. Au final, le comte de Joigny meurt sur place et Yvain de Foix et Aimery de Poitiers agonisent de leurs brûlures pendant 2 jours.

Les Conséquences sur la Couronne
Déjà souffrant de troubles psychiques avant le bal et âgé de seulement 25 ans au moment des faits, Charles VI est choqué par ce qu’il a vécu. Il décide de publier une ordonnance dans laquelle il confie la régence à son frère Louis duc d’Orléans. Mais le duc d’Orléans est trop jeune c’est donc leurs oncles les ducs Jean de Berry (1340-1416) et Philippe le Hardi (1342-1404) qui la récupère. Dès lors, la France à désormais 3 rois.
Cet épisode renforce l’idée que le roi est incapable de régner, d’autant plus que ses crises de folie, de plus en plus fréquentes, s’accentuent à partir de la fin des années 1390. Autrement dit, cette situation est l’une des conséquences de la fragmentation progressive de la maison capétienne des Valois.

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